Les pleurs de bébé
Quand je suis retournée voir ma sage-femme, pour la première fois depuis la naissance de Tichapz (enfin elle l'avait déjà vu une fois parce qu'elle était venue nous voir à la maison - quelle chouette Marta, ma chouette sage-femme, une vraie comme on voudrait en voir di più !)
Quand je suis retournée chez elle donc, à la Casa di Maternità, c'était pour le groupe du Jeudi.
Le groupe du Jeudi, c'est celui où les (jeunes) mamans se réunissent et parlent. On est toutes là, assises en rond (enfin en carré puisque la pièce est carrée et que c'est plus confortable de s'adosser au mur) (surtout pour allaiter), chacune son bébé, et on discutte. De tout, de rien, mais surtout de ce qui nous tracasse, nous tient à coeur ; on partage sur la semaine qui vient de s'écouler... (in italiano per favore)
Si le besoin se fait sentir, on traite d'un sujet qui se dessine.
La première fois que j'y suis allée donc, telle était ma préoccupation : les pleurs des bébés. AinCi-gît l'éternelle question : faut-il laisser pleurer les bébés ?
Pragmatique, Marta nous a demandé de retenir, pendant la semaine suivante, quels types de pleurs nous pouvions observer chez nos bébés, quel diagniostic nous en avons fait, comment nous nous sommes senties face à ces pleurs, et ce que nous avons tâché de faire pour les résoudre.
La belle qualité de Marta (oui, ça fait longtemps que je voulais parler de Marta !) (ici sur la photo avec collier rouge, au-dessus de Frédéric Leboyer), c'est qu'elle n'impose pas son expérience : elle la propose, et très discrètement avec de toutes petites touches, et seulement après nous avoir fait prendre confiance en notre expérience à nous. Nous, chacune des mamans.
Mères, et futures mères, ne retenez que ceci d'ailleurs : seul compte votre vrai sentiment, votre sentiment profond. Ne vous laissez pas manger par des tas de petites voix petits conseils... Ecoutez-les, bien-sûr, ils peuvent vous nourrir, mais celui qui doit toujours trancher, et en dernier lieu, c'est votre sens profond. A vous. Ce qui conviendra au bébé d'à côté ne coviendra pas forcément au vôtre. Il importe moins de lire des tas de bouquins ou de parcourir des tas de forums (ce que je ne fais absolument pas vous le saurez, dzouiing dzouiiiiing...) que d'être "connecté" à ce sens intérieur, qui vous guidera toujours le mieux du monde, pour VOS petits. Trouvez du soutien quelque part (car on est si fragile, enceinte ou jeune maman) et connectez-vous là : à ce que vous vivez de plus profond. (ça passera peut-être par moultes angoisses et maux d'être. Mais au bout du compte, j'ai le sentiment de trouver une telle plénitude de vie, ce faisant.....)
Disais-je. Digressions que nenni : les pleurs de bébé.
Le bilan de cela à l'époque (si lointaine !!?), c'est que j'ai mieux compris certains types de pleurs que je n'imaginais pas, principalement celui de l'ennui. Bébé s'ennuie, bien-sûr ! Contre toute naïve attente (ben quoi, un bébé ça a juste faim et ça dort juste non ? D'ailleurs si ça pleure, c'est juste pour nous embêter, évidemment ! Nous empêcher de suivre la même vie qu'on avait avant, non ? Faites des bébés, qu'y disaient !).
Un bébé ne pleure JAMAIS sans raison. Ce qui ne veut pas dire qu'on la comprend toujours et c'est cela qui crée de la tension. Les pleurs basiques que nous reconnaissions sans mal : pleurs de fatigue, maux de ventre, faim. Puis est venue la compréhension de pleurs plus subtiles. En premier (merci quelqu'une) je suis devenue plus vigilante sur les ruotini (plus sympa que le ptirot français, non ?) parce que c'était chez Tichapz une grande cause de gêne. Ensuite, grâce à Maman puis à Marta, j'ai réalisé (compris) le pleur d'ennui. Quelle tâche alors ! Donner sans cesse à vivre et à voir, à son petit bébé...
Reste un pleur pour lequel je n'ai pas de solution définitive et simple : celui dit "du soir", ou "de stress", provoqué par toute l'énergie accumulée dans un si petit corps, pour ce tout jeune esprit chaque jour tellement stimulé (certains jours plus que d'autes). Pleur aussi qui semble témoigner le plus de sa grande sensibilité... Pleur qui demande le plus d'efforts, qui provoque le plus de désarroi, qui est le plus sujet à discordes, sans doute (sur la conduite à tenir).
L'attitude "classique" consiste à "laisser pleurer". Autrefois l'on souriait charmé, d'un air convenu et un peu contrarié de gêner ainsi les oreilles des invités en disant : "Petit Chérubin fait ses poumons".
Dans des temps moins lointains, on d(isa)it qu'il n'y a(vait) rien à faire et que le mieux é(tai)t d'attendre que le petit se taise - si besoin, l'enfermer dans une pièce séparée pour ne pas se casser les oreilles non plus. Les tenants modernes de cette attitude ont pondu l'inoubliable et trépidante "règle" 5-10-15. Pour entraîner bébé, le laisser pleurer seul d'abord 5 minutes. Venir au bout de 5 minutes. Mères, ne faiblissez pas : CINQ, minutes. D'ailleurs ça vous entraîne vous aussi, vous allez voir. Cinq minutes, donc, tâchez alors de calmez un peu votre bébé (mais sans le prendre dans vos bras de préférence) puis laissez-le à nouveau. S'il se remet à pleurer, comptez 10 minutes. Ne faiblissez pas ! DIX, minutes avant de revenir auprès du tendre et joli berceau. Même jeu. Ensuite, QUINZE. Z'avez vu, au cas où ça vous avait fait un peu mal ça devient déjà plus facile, vous vous êtes habituée. Après tout, de tout temps en tous lieux, les bébés ont pleuré (à vérifier quand-même, ça m'chiffonne j'ai lu du Maria Montessori qui disait, mais peut-être elle-même sans en avoir vraiment fait l'étude, que les bébés du "Tiers-Monde" ne pleuraient pas parce qu'ils étaient constamment portés - ah tiens ??).
S'il en est certains d'entre vous qui n'êtes pas convaincus par ce magique procédé - désolée, passées les QUINZE minutes du dernier round, je ne sais pas ce qui est préconisé mais sans doute, vu qu'on n'est plus trop sensible aux pleurs, on attend jusqu'à ce que mort épuisement s'ensuive. Car si votre bébé en a marre de pleurer (si-si croyez-le, ce temps viendra) il s'arrêtera de toutes façons et pouf, dodo.
Si donc z'êtes pas convaincus ou avez un bébé qui se laisse décidément pas faire, d'autres solutions dites d'"Education sans violence" existent. Mais là encore, les partis ne sont pas unis.
Il y a les extrêmistes qui feront tout pour calmer les pleurs de leurs bébés, TOUT : promenades dehors, dans la maison, bercements infinis, sein à volonté (si sein demandé)... stratagèmes éternels... épuisement parental. (Sauf ceux qui le veulent vraiment parce qu'ils préfèrent. Ne nous épuise que ce que nous éprouvons comme épuisant, en un certain sens...). Un bel exemple se trouve là.
Il y a les centristes qui mettront la tétine dans la bouche de bébé (s'il la prend) (ne pas hésiter à forcer un peu au début) et les pleurs auront définitivement une solution simple, facile d'usage, sans prise de tête et tout sourires. Chez les centristes, l'utilisation de la tétine connaît de multiples variantes, que je n'énumèrerai pas mais qui se déclinent entre fourer tétine à bocca dès le moindre gémissement, et donner tétine quand vraiment on n'arrive plus à trouver autre chose (et qu'on considère que sein n'est pas tétine).
Entre les deux, il existe des tempérés dirons-nous, qui considèrent certains pleurs comme nécessaires en tant qu'ils sont évacuateurs de stress, de stimulations nombreuses, d'émotions fortes. Je suis mal placée pour en parler, puisque je n'ai pas lu l'ouvrage de Aletha Solter qui en parle : Pleurs et colères des enfants et des bébés, une approche révolutionnaire. Mais j'en dis trois mots : il s'agit ici de permettre à son bébé de pleurer, tout en étant à son écoute. Il s'agit d'"accompagner" l'enfant dans ses pleurs : 1°) En lui disant qu'il peut pleurer s'il a besoin, que nous sommes là pour écouter ce qu'il voudrait évacuer/dire/sortir. 2°) En formulant éventuellement ce qui peut être la cause de ce besoin de pleurer, pendant qu'il pleure, afin qu'il se sente bien écouté et compris. 3°) En l'accompagnant jusqu'au bout, c'est-à-dire en le laissant pleurer jusqu'à ce qu'il n'en ai plus besoin/envie et retrouve le sourire. "Est-ce que tu voudrais encore me dire quelque chose ?", peut-on demander par exemple.
Toutes ces choses (à part la tétine actuellement rentrée dans les moeurs) (mais à bien y regarder on pourrait vraiment se demander AUSSI nan mais qu'esssssékçaskymettent dans la bouche de leurs petiots, ces occidentaux...) peuvent sembler incongrues mais... cela ne m'a pas déplu d'explorer ces diifférents "partis". Même, j'essaie de pratiquer ! Parent, fichu métier : rien n'est jamais sûr, certain ni aquis.
M'enfin j'dois dire ça m'plaît pas mal quand-même.
Ben mon p'tit gars !