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* OraCo-T *
12 février 2007

Petiboutz réfléchit à sa patate chaude

Avant d'être mariée, je me disais que finalement c'était pas mal d'être
seule : j'étais autonome, j'avais ma belle vie, mes études, mes amis et
tout l'avenir devant moi.

Avant d'être maman, je me disais que je préférais garder encore un peu
de temps pour moi, pour nous, "construire notre couple" dans le temps
tout tranquillement ; j'avais mes projets, mes idées, et tout l'avenir
devant moi.

Puis un embryon a pris corps dans ma chair et tout a basculé.

Quand j'ai su qu'il était bel et bien là, d'abord, je ne l'ai pas aimé.
Je l'ai même détesté : il venait contrecarrer mes projets, me voler ma
jeunesse. J'avais plein de désirs, ma tête n'avait jamais été aussi
tourbillonnante, j'allais parcourir le monde, découvrir les cultures,
ouvrir mon esprit à la multitudes des réalités existantes, construire
un tas de choses, enrichir mon coeur, mon âme et mon esprit...

Il venait secouer tout en moi : mon corps, mes sentiments, mon
équilibre, mon autonomie, ma solitude : désormais je ne serais plus
jamais seule, suffisamment seule au-dedans de moi comme j'aimais à
l'être, quelquefois... Je n'étais plus la même, il m'avait volée à moi-
même.

J'avais dans mon corps un petit parasite.

Et puis... beaucoup de choses se sont passées... j'ai accepté d'aimer
mon parasite, de me soumettre à la réalité que la vie voulait me donner
plutôt qu'à mes vastes et vains projets. Je voulais parcourir le monde,
au dehors mais en vérité le monde était venu là, se creuser, tout au-
dedans de moi...
L'infini n'était pas au-dehors. Il était là.
Les chemins de ma vie n'étaient pas au-dehors, ils s'ouvraient là, en
moi...
De le comprendre, cela m'a totalement pacifiée.

Puis j'ai découvert autre chose : j'ai découvert ma puissance. Ma
puissance à être femme, ma puissance à être mère, à enfanter la vie.

Mon parasite, à dire vrai, était enfin venu *me révéler* à moi-même. Il
était venu m'ouvrir à ma dimension mystérieuse... "femme, porteuse de
vie". Une chose vraiment... vraiment... extra-ordinaire.

Avant, j'avais un regard un peu condescendant vis-à-vis des mères. Oh,
les enfants, c'est toujours si touchant, si mignon ! mais quand je
voyais une femme jeune gâcher sa jeunesse, trois marmots déjà sur les
bras... plonger sa vie dans l'ordinaire d'une mère de (lourde)
famille...

Oh, je crois bien qu'aujourd'hui, mon idée... mon appréciation a viré
de bord, totalement. Il ne pouvait pas en être autrement.

Et comme je suis contente ! comme je suis contente, enfin, d'avoir
découvert qu'il n'est pas honteux ni agaçant d'être une femme, de
n'avoir pas les mêmes caractéristiques que les hommes, de ne pouvoir
être celle qui parte comme cela, à l'aventure dans le monde et à qui
l'on ne dise rien parce qu'on le respecte... naturellement.

Comme je suis contente d'être une femme. Je sais que c'est par là que
mon être apporte une lumière dans ce monde : il me semble que si les
femmes veulent changer un peu le monde, il faudrait d'abord qu'elles
libèrent la lumière qui les habite. C'est une lumière humble et
discrète, qui demande un peu de silence intérieur, de disponibilité...
d'ouverture intérieure.

J'ai eu le sentiment d'être une femme accomplie comme jamais je
n'aurais cru que ce fut possible, durant les heures et les jours qui
ont suivi mon accouchement.
Je venais d'accomplir un acte hors du monde. J'étais hors du monde. Je
ne peux pas écrire "surhumaine", puisque c'est humain de donner la vie,
mais... il y avait quelque chose de cela.

Quand je me décourage un peu parce que je trouve que le monde est trop
lourd (à nouveau, quand ... l'ordinaire prend le dessus !!), j'essaie
de me replonger dans ce sentiment... ce sentiment de force
impénétrable, que rien ne pourrait me retirer. Cette certitude
indicible que la vie EST extra-ordinaire. Quoi qu'il en coûte. Les
femmes sont peut-être là pour rappeler cela ?

J'avais une assez piètre image du fait de devenir mère, même si je
savais *dans ma raison* que c'était un grand bonheur.
Et même si je le savais dans mon coeur, d'ailleurs...
Car aujourd'hui, je le sais... de tout mon être....

Merci, ô Dieu, pour la Vie !!

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Commentaires
Y
Ce texte est magnifique... j'y reconnais mes propres sentiments...
L
Parasites...oui!<br /> Ils t'envahissent, ils grossissent jusqu'à t'étouffer et quand ils sont là, bien nés...tu te retrouves avec ton petit ventre tout ra-pla-pla...!<br /> Après tu les as sur les bras...dans ton lit...dans ta vie, eh oui!<br /> C'est quand même bien...sympa!!!<br /> bisous et très bonne journée1
* OraCo-T *
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