Un peu triste...
Aujourd'hui je suis un peu triste... ... ... il y a quelqu'un que j'aurais dû prendre en photo, quelqu'un que je ne reverrai jamais plus peut-être, hélas ! quelqu'un qui mérite tout un poème, toute une poésie, un charme alambiqué d'autrefois mêlé de tout l'émerveillement du monde...
Il est parti de chez nous. Je crois bien qu'on ne le reverra plus. Oh je suis triste !
Hier enfin, (depuis une semaine que je voulais le faire !!) j'ai pris le temps de lui préparer un gâteau. Je voulais à tout prix le lui porter... lui manifester, au moins une fois, combien nous lui étions reconnaissants... combien nous voulions lui montrer un peu de juste affection !
Mais nous sommes arrivés trop tard. Il était parti la veille. On était venu le chercher, pour l'emmener... à l'hôpital...
Marco, Marco, notre "gardien", un vrai gardien ! de l'espèce d'un futur ange ! Un charme tout droit sorti du vieux monde. Une preuve que ce vieux monde existe et doit exister dans le nôtre pour y apporter sa douceur inégalable, à cause de la valeur incommensurable de ce qu'on ne retrouvera jamais plus... un régal de vie tendre, sans même qu'on s'en rende compte !
Un vieil homme tout frippé, un peu bossu, recroquevillé légèrement. Un si large, si large sourire pourtant ! qui souligne son long nez, sous de petits yeux étincelants... Ah Marco, Marco notre vieux gardien vous faisiez tout ici. Malgré votre grand (grand) âge, vous vouliez encore que nous comptions sur vous. Etre utile... Vous coupiez les buissons, ramassiez les feuilles, tondiez le gazon. Vous grimpiez aux échelles, récupériez nos déchets et faisiez vos affaires... Un si petit homme, mais si grand !
Oh nous avions bien vu, nous avions bien vu pourtant. Ces quelques mois derniers, vous ralentissiez. Nous avons vu apparaître à vos côtés une béquille, parfois deux. Mais vous alliez toujours, fort de votre brouette... Et gaiement. Toute votre vie était là, dans le service de nous autres, les habitants, les habitants chanceux de ce petit coin de paradis...
Oh Marco, comme vous nous manquez ! Et comme vous allez nous manquer, si vous ne revenez pas de cet hôpital... Sans forcément rien faire, mais juste être là ! Votre simple présence... Une preuve que le monde n'est pas si dur, qu'il peut aussi être vraiment, vraiment charmant ; ô Marco ! Vous êtes de ces hommes qui donnent toute leur âme à un lieu...
Soyez béni, Marco. Nous vous remercions de tout notre coeur, pauvre coeur bien las, bien paresseux à nous être portés suffisamment auprès de vous. Nous aurions dû en profiter tellement plus. Soyez béni, Marco. Nous ne vous oublierons jamais.