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* OraCo-T *
21 août 2007

Uttan

Aujourd'hui mardi, les choses sérieuses commencent. Je vais comme me réconcilier avec l'Inde... (pas de photos malheureusement : c'est toujours aux meilleurs moments qu'on oublie l'appareil !!)

Uttan est un village à la limite de Bombay, au bord de la mer. Pour y parvenir, nous roulons presque deux heures... mais dès notre arrivée dans ces petites rues, la bonne humeur vient réhabiter mon âme. Voici donc un village... tout y est charmant, l'air est bien plus léger et pur, voilà qui change mes idées. Nous arrivons pour déjeuner chez Soeur J., responsable d'une grande et belle maison qui accueille des enfants handicapés. Et qui garde ces enfants, même devenus grands.

Cette maison est auprès d'une magnifique église... nous y voyons aussi tous les enfants qui vont ou reviennent de l'école, dans un joli - et si occidental ! - uniforme. Les filles des rubans rouges dans les cheveux pour maintenir deux tresses sur les côtés. Il paraît que les enfants ici sont soixante-dix par classe !!!!

Nous visitons tout le village, dans la grosse voiture... D'un côté il y a les fermiers, plus riches, qui cultivent les grandes étendues de riz que nous avons traversées, splendides - et que l'on voir rentrer avec leur attelage de deux buffles... De l'autre (du côté de la mer, et au fur et à mesure que les habitations se font plus sommaires et pauvres) : les pêcheurs. Des milliers d'hommes, de femmes, d'enfants qui ramassent et qui trient, et récoltent les poissons. Ils les mettent dans la glace... Fascinant de les voir attroupés auprès des machines à piler la glace. Une étonnante modernité (si rouillée soit-elle !) dans ces vies... Il me semble que ce sont des vies où la douceur du réel et du simple se confondent. Je n'y passe qu'un instant et je sais que, pourtant... pourtant les jeunes ici s'enduisent d'alcool et se suicident au feu ! Horreur, enfer et damnation... Pourquoi. Tout respire ici un quotidien pur et sain. On voit en passant des femmes battre le linge sur les pierres d'un fin ruisseau, on voit les longues bandes de tissu étendues sur le sol au soleil. J'ai tant cette impression que tout est facile... Illusion de ces vies que l'on n'a pas.

Ici en Inde, quand je lave et tord et rince mon linge, cela me paraît si simple et doux. Aurais-je poursuivi cette vie plus longtemps, pourtant ?

...pourtant.

Extrait de mes notes :
Peut-être que ce qui gouverne ce pays, c'est un peu la folie. Pas forcément la folie de ceux qui y vivent, mais la folie de ceux qui y viennent (qui n'y sont pas habitués) (mais peut-on s'habituer ? ...oh, oui).
Il y a une étrange alchimie entre le degré de fatigue, le degré d'inquiétudes (ces inquiétudes qui viennent de ce que l'on ne dit pas ce qu'on pense, qu'on ne sent pas ce que l'on ressent, qu'il ne faut rien montrer...), et le degré de rêve transpercé par la réalité bien lourde... un poids qui choque tant. On rêve de l'Inde mais des jeunes s'arrosent d'essence et se brûlent, dans les jolis petits villages les plus catholiques. Des femmes sont mises à feu et brûlent contre le corps sans vie de leur mari, un peu partout dans ce beau pays. Tant d'autres absurdités encore... La folie vient de ce qu'un envoûtement côtoie le plus atroce ? Une humanité exaltée, dans tous les sens, qui se mêle aux secrets, aux ombres et à la beauté...


Soeur J., elle, ne semblait rien attendre de ce qu'il fallait dire ou penser. C'était tellement doux... reposant.

J'en garderai toujours un doux souvenir, de ce village... malgré les drames dont on ne parle pas, les oppositions entre le clan des pêcheurs et celui des fermiers, l'assassinat des prêtres qui tentent de les réconcilier. Comment leur inculquer qu'ils sont égaux ! un rêve encore, que cela !

Et pourtant...

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* OraCo-T *
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