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* OraCo-T *
23 août 2007

Un ptit saut... à Goa, 1.

Mes notes racontent...

Mercredi 8 août 2007 - Goa, Miramar Residency

DSC07089

J'aime l'Inde.
Elle est pleine de contradictions... en fait peut-être non.
Comment dire. J'aime l'Inde, peut-être parce qu'elle est déconcertante et que je ne suis pas si déconcertée. C'est sûr, je n'ai pas vu, comme une amie à son arrivée à New Delhi, une femme se faire brûler sur la dépouille de son mari.
Non, je n'ai rien vu de trop déconcertant et je suis restée, somme toute, en pays catholique.

Je crois que j'aime l'Inde en fait à cause des grands sentiments qu'elle déploie en moi. J'aime l'Inde comme j'aime sentir et voir les lignes qui se tracent sur la feuille blanche, le stylo qui glisse sur le papier étonnament doux. "Sweet". Avec une étonnante facilité, ce soir.

EnArrivantAGoa
En arrivant à Goa

Goa depuis hier vers 14-15 heures. J'ai tiqué lorsque Mari-trésor a pris un taxi sur un mode traditionnel, j'avais dans l'idée de marchander un rickshaw. Passons, le conducteur du taxi m'a touchée et j'ai aimé l'annulette de la Vierge Reine à l'enfant qui siégeait à côté du volant.

J'ai fulminé quand, arrivés à l'hôtel recommandé par nos amis, le prix de la nuit n'était pas celui attendu. Il y a une réflexion que j'ai faite à P. une fois : "Marchander, pour nous, ça nécessite de penser à priori que la personne en face de nous est mauvaise, mensongère. Sinon, on n'y arrive pas !" Et dans le même esprit, on développe puissance 10.000 cette énergie à se méfier de tous et tout. J'enrageai donc contre Mari-trésor de laisser couler tout ça alors que ce n'était pas ce à quoi je m'attendais, j'enrageai qu'il avance tout de suite le montant des trois nuits (et si nous voulions partir avant ??) - si docilement. J'enrageai d'avoir à remplir ce formulaire "c'est la law" avec mon nom, mon adresse, le pays d'où je venais.

Puis lorsqu'à contre-coeur il a fallu nous installer dans notre chambre, que j'ai vu les traces immondes sur le sol - j'ai pris ça pour du sang séché ! après un peu de temps passé ici, je sais que la terre d'ici est de cette couleur... Cela apaise le drame.

Sur le coup, il était immense. Comment Mari-trésor pouvait-il croire que je laisserais les fesses de mon fils traîner dans le sang de je-ne-peux-savoir-qui, sans rien dire et avec le sourire ? J'étais hors de moi, hors de moi je lui ai sorti toutes les assanités du monde. Je lui ai montré mon mépris outragé et toute ma haine qui sortait d'on-ne-sait-où (les jours d'avant, il n'y avait jamais eu autant de louange et d'amour pour lui sortis de ma bouche... !!)

Je suis partie, plus retournée que jamais. Tichapz sur la hanche. J'ai marché vite, et droit... pour découvrir l'endroit paradisiaque où nous étions logés. La mer... au bout d'une grande plage sablée.

PlageMiramar

J'ai pris un petit sentier sur la droite, tracé entre les larges feuilles de ces plantes qui ne sont ni des algues, ni des arbustes. Sol très humide. Et puis je suis allée dans la mer - remplir de sable tout le bas de mon pantalon.

Mais vite ma solitude rageuse se trouve envahie : qui sont ces deux indiens qui observent cette blanche porter son petit - oh ! un ptit blanc ! - et tremper ses pieds jusqu'aux guêtres dans l'eau - surprenante, ces vagues ! de droite, de gauche, et parfois elles mangent les genoux.

MerMiramar

Que veulent-ils ? Alors la blanche s'enfuit, l'air de rien. Elle a remis tant bien que mal ses pieds mouillés dans ses tennis rose pâle. Avec ses chaussettes (roses) restées au fond. Sa colère n'est pas complètement passée... mais l'air et l'eau ont eu raison de sa rage : elle est cuvée. Et puis l'insupportable impuissance est effacée : en revenant de la mer, elle passe à la réception et avec toute la force que sa colère dégage elle s'exprime : "I want somebody to wash the floor in my room, now. If it's possible." On avait déja fait changer les draps mais, quand j'avais fait la remarque des traces sur le sol, on m'avait dit (Mari-trésor y compris) que c'étaient les irrégularités des carreaux. Mais j'avais gratté moi-même, avec mon ongle. Et frotté. Il s'en était dégagé cette substance ocre-marron que je pensais être du sang séché. Le sol en était maculé, en certains endroits... Des irrégularités, noui. La crasse, est irrégulière.

Au fur et à mesure que l'odeur du produit de lavage se répandait dans la pièce, l'oppression de ma poitrine et ma colère s'en allaient. J'ai soudainement compris une chose : tout cela, ce n'était pas grave. Après que l'homme soit parti, j'ai frotté bon nombre de tâches avec ma salive et la serviette à sol de la salle de bain, mais je n'étais plus en colère. Cela a juste servi à montrer à Mari-trésor que j'avais raison. ça m'a fait presque plaisir de le faire. Et maintenant je sais que ce ne sont que des traces de terre !! Quand je frottais j'ai sorti avec feu le grand numéro : "Nan mais c'est pas possible il y a eu un meurtre ici ! ou un gravement blessé. Z'auraient pu effacer les traces quand-même."

Le soir nous avons dîné paisiblement. Tichapz dormait, et je m'étais décidée à ne plus pester contre la situation. Nous payions notre chambre plus cher ? Très bien, dînons dans le luxe.

A notre retour dans la chambre une dernière surprise nous attendait, cependant.
La Miramar Residency dispose de chambres agréables, fraîches et spacieuses. Disposées sur trois étages, elles sont couronnées par une vaste salle de fête où il fait bon... faire la fête. Bien-sûr ces fêtes trouvent leur fin raisonnable à onze heures du soir mais, pour ceux qui ont l'extrême privilège d'habiter au troisième (chiffre parfait), elle ne s'arrête pas là (la fête) : car le rangement de la salle se fait en toute gaîté et grand vacarme. Ferrailles jetées au sol, tables que l'on démonte, chaises que l'on empile, et voix qui fusent de ci et de là pour énoncer quelques ordres...

Au bout d'un peu de patience je n'en ai plus pu : car moi, pauvre ignorante du troisième, je ne comprenais là qu'un innommable vacarme ! En blanche désoeuvrée, j'ai donc grimpé l'escalier pour faire mon apparition.

* * *

J'aime l'Inde, parce qu'il peut suffire d'apparaître, pour communiquer. J'ai donc fait mon apparition, sans monter les dernières marches, sans ouvrir la bouche, fort contrariée, impassible pourtant. J'ai vu deux hommes très basanés, au visage fatigué, qui manipulaient ( à grand bruit, donc) de grandes barres de fer (tables ? chapiteaux ? estrades, peut-être). Une femme dans la pièce à côté transportait un panier de vivres. J'ai vu, j'ai donc pu comprendre. Ils ont vu une blanche dans une rose et longue chemise de nuit indienne, le visage encadré de ses longs cheveux, le nez arrangé d'une fine paire de lunettes (l'une des branches est raccomodée par un scotch. Ce qu'ils ont vu, ce n'est sans doute pas le scotch : il était probablement caché par les cheveux).

La blanche mécontente, mais paisible en même temps, altière, est redescendue. Il n'y avait rien d'autre à dire. Elle avait vu, ils avaient vu, et de toutes façons leur travail était presque fini. Il n'y avait plus maintenant qu'à dormir une tendre nuit d'amour...

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Commentaires
S
Et ben, volcanique mon petit soleil ... ;o)
D
tu devrais vraiment l'écrire ton livre! quand je viens te voir, ça me change de tout...
* OraCo-T *
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