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* OraCo-T *
10 novembre 2006

Continuum et couple (I) : Accouchement

Début d'une grande réflexion que je voudrais mener : les femmes qui donnent la vie à un enfant, doivent-elles choisir entre : elles-mêmes, leur enfant, leur mari ?

On sait bien-sûr qu'il ne s'agit pas là de choix, une Maman Etonnament-Grande-Libératrice-Idyllique-Sage-Etouça nous enseigne : soyons femmes (souffler, prendre du temps pour soi), épouses (souffler, prendre du temps à deux) et mères (... souffler ?).

N'empêche, n'importe laquelle d'entre nous - à part peut-être certaines qui refusent catégoriquement leur maternité (d'une manière plus ou moins avouée) a forcément senti, à un moment donné, surtout avec un jeune bébé, que non, à ce moment-donné là, elle n'était pas autant épouse que mère. Il y a une exclusivité incroyable entre une jeune maman et son tout-petit... quand bien-même on voudrait faire autrement, ce serait aller un peu contre la nature (c'est-à-dire contre ce que les choses sont dans leur développement spontané... Spontanément, une mère est liée à son tout petit d'une manière indicible. Si les choses se passent bien).

Pour aller plus en profondeur, avec cette histoire de "Continuum" que je découvre (même si je n'ai pas encore lu le fameux bouquin du même nom) (décidément j'ai le chic pour parler de théories qui sont dans les bouquins que j'ai pas lus) ; avec mon expérience aussi, je commence à sentir que ce n'est pas simple, cette histoire.

* * *

C'est aujourd'hui (jeudi) la fin du deuxième jour que je passe seule, en entier (c'est-à-dire nuit comprise) avec Tichapz, parce que Mari-trésor est parti en mission - première séparation depuis la naissance de Tichapz et première fois que je me retrouvais seule dans ce jeune chez-nous pour passer la nuit. (Ce fut impressionnant mais je pris le parti de nous coucher à sept heures du soir et nous dormîmes sans incident jusqu'au lendemain neuf heures. Neuf heures !)

Et c'est vrai que ces deux jours se sont passés à merveille. Pas un seul moment où je me suis sentie dépassée, pas un moment où j'ai douté de moi sur la conduite à tenir pour m'occuper de Tichapz. Doute que j'aurais plus tendance à développer, quand Mari-trésor est là, peut-être parce que je veux lui donner "sa place" et que lorsqu'il diagnostique un autre truc que moi (ou qu'il donne un avis avant même que je forme le mien sur ce dont Tichapz a besoin), cela me trouble en moi-même... me perd mon instinct maternel... me fait perdre confiance.
Et là débarque en moi le "panic-room" !

* * *

Ce matin encore (nous sommes là jeudi soir je commence ce billet), nous fûment chez Marta - sapere chi è, voir ci-dessous - et j'ai un peu discuté avec une femme que j'aime beaucoup, avec qui j'avais déjà papoté à l'hôpital (grâce à Marta et à ses séances de préparation à la naissance, j'ai beau été obligée d'accoucher dans cette industrie, je connaissais un bon pitit nombre des jeunes mamans de l'étage !) (bon j'arrête de la ramener maintenant avec Marta).

Avec cette femme donc, nous papotâmes et elle me partagea sa difficulté actuelle... à mi-mots et sans avoir le temps de bien creuser son problème, mais j'en suis arrivée à cette conclusion : sans cesse, notre "maternité" semble être remise en cause, freinée ou dérangée - c'est-à-dire que nous n'arrivons plus à retrouver le fond de nous-mêmes sur cette maternité - par des tas d'éléments et, hélas, nos zhomes peuvent faire partie de ces éléments - nous en sommes nous-mêmes, d'ailleurs, pour des tas d'autres raisons !

* * *

Je ne veux pas aboutir à la conclusion que pour vivre en vérité sa maternité ou, dirais-je plutôt, son "maternage", il fau(drai)t laisser de côté notre mari (ou zhome chéri en tout genre, on trouve de tout d'not'temps ma bonne dame) ou vice-versa (pour préserver le couple, réduire le maternage). Parce que j'ai une intuition que c'est faux et qu'autre-chose-se-cache-derrière-de-plus-grand-de-plus-beau qu'il faut arriver à saisir. J'ai l'intuition d'un truc du style (parce que nous l'avons peut-être vécu aussi, en fait ?...) être mère rend plus femme et plus épouse. Mais s'agit de bien comprendre le truc, de bien poser le problème, le pourquoi de "ça n'est pas si simple". Puisque ça devrait !

Ainsi, Premier volet de cette réflexion : l'accouchement.

L'accouchement doit être d'une (très) grande part dans le "continuum". Et Chez Marta encore (ce jeudi), j'ai réalisé que j'avais une chance ENORME (l'aurais-je déjà oublié ? mais d'entendre les autres femmes-épouses-mamans parler, ça me l'a rappelé) : j'ai un mari EN OR. Peuplé de défauts, peut-être. Mais quel or fin... oh là-là, si je savais !

Mon accouchement ne s'est pas passé selon le plan prévu à l'origine (lumières douces, intimité, eau, liberté). J'ai dû vivre un certain nombre de défaites quant à l'idéal poursuivi : plus de quinze jours à l'hôpital, séparations nuitesques d'avec Mari-trésor, pas de lumière douce, des allers-venues à n'en jamais finir, des blouses de toutes les couleurs - jaune, rouge, vert, blanc, bleu, bicolores parfois - et jamais les mêmes visages - sauf ceux que vous aimez le moins évidemment... Puis soi-disante nécessité d'un déclenchement - mot horrible pour qui parlait de spontanéité ! - à laquelle j'ai fini par me plier (ô combats), en mettant toutes les chances de la "nature" de mon côté (Exercices pour m'ouvrir, massages, traitement homéopathique, huile de ricin, préparation intérieure, y compris de bébé). Dans toutes ces déconvenues j'ai eu le soutien de Marta ma sage-femme, de mes parents, d'amies au téléphone... et de Mari-trésor.

Et l'accouchement donc. Faiblesse extrême - mais pleine de force aussi c'est étonnant ! Le matin même, je démissionnais. Je ne voulais rien faire du jour, j'avais à peine dormi quelques heures, je voulais attendre encore le lendemain pour subir les interventions que je redoutais de choc. TROP fatiguée.

J'ai demandé aux rapias d'attendre que Mari-trésor soit là pour m'embêter avec leurs examens infinis. Ce jour-là heureusement, la teigne brune de gynéco (oh pardon hein mais ... voilà quoi) qui m'avait stressée tous les matins de la semaine en m'expliquant, signora Machin-truc (signora ? moi ?) (chépapourkoi mais ym'semble que je l'ai déjà écrit, ça. Quelque part.) qu'il fallait faire un déclenchement, déclenchement, déclenchement, risque, risque, risque - n'était plus de service. C'était une jolie blonde légère, sympathique et encourageante  qui avait pris le relais.

Crotte c'est pas du tout ça dont je voulais parler (mais à ce sujet tiens, lisez qand même une autre Chronique de Mère Indigne ;-))). Lisez. Pour certaines cela sera NECESSAIRE et pour d'autres, HILARANT...)

* * *

Peu importent donc tous les détails qui suivent (même si sans cesse me reprend l'envie folle de tout raconter...) (bon allez je raconte quand-même, passez au paragraphe suivant). A 10 heures, ce dimanche-là, on m'a trimballée sur un lit roulant dans la salle opératoire pour percer la poche de mes eaux trop abondantes (Dans le but de permettre aux contractions de reprendre leur boulot puisque j'étais tout de même à 4 cm de dilatation, peu môl ! mais que contraction, avéplu depuis la chute du palloncino dit ballon de Foley mais cherchez pas ça existe MEME PAS en France) (bref). J'ai dû m'allonger. Les lumières du plafond de cette salle se sont abattues sur mes yeux aveuglés éblouis. Elles m'ont parues tellement surréalistes... pendant que j'en rigolais avec Quelqu'un pour tenir le coup, des milliers de gens (blouses de toutes les couleurs) (enfin au moins une dizaine) (de gens) s'affairaient autour de moi devant la tâche exTRÊMMMMent dangereuse qu'ils allaient accomplir (oh là-là pardon je critique trop quand-même ils étaient assez gentils c'étaient des italiens quand-même et puis parfois ça sauve des vies, vraiment) : le perçage. ça a fait plof pfouitchhhhhhh...

Ainsi, l'entre-deux jambes dégoulinante, (qui tout ce temps encore continuera de dégouliner), je fus rapportée au bercail à la salle d'accouchement.

  AccoucheBlog2 késskilzon àfoutttdu VERT partout dans cézôpitalzzs...

Les contractions allaient arriver, j'étais toute tremblante mais c'était pas le moment de faiblir. Je l'était ptêt (faible) mais j'étais aussi ... sais pas... saisie par une force intérieure, décisive... Viens ptit trésor on veut voir ta frimousse maint'nant.

C'est que mon propos devient important... la manière dont nous avons vécu cela à deux, Marit-trésor et moi... l'accueil de notre enfant... le fait que je sois femme, épouse, en devenant mère "puissantement"... Comme si le "continuum" de la femme et du couple c'était bien de faire naître un enfant.

Je ne me suis jamais sentie autant femme que durant les instants et les jours qui ont suivi l'accouchement. Avec tous les renoncements que j'avais dû accepter, les batailles que j'avais dû mener presque seule contre un monde médical parfois très gentil mais que je n'arrivais pas à percevoir autre qu'ennemi dans son ensemble... Avec cette force incroyable et indicible qui fait qu'une femme (une ptite fille euh... soit dit en passant) devient accoucheuse de vie...

Mari-trésor m'a laissé comprendre qu'il ne m'avait jamais autant perçue femme ni aimée comme épouse, que lorsque j'ai "expulsé" mon bébé, l'ai appelé, l'ai pris sur mon sein (pas comme j'aurais voulu évidemment, et cet instant si court...). Il l'a vécu puissantement, lui aussi... Grâces soient rendues Là-haut vraiment, vraiment....

Je ne l'ai jamais autant aimé que durant ces moments non-plus, Mari-trésor. Par ses mains il a soutenu mes douleurs d'enfantement. Par ses mots il m'a couverte d'amour et d'abondance, même si je ne les percevais  qu'en fumées-d'un-autre-monde... De l'autre univers, là-bas, celui où l'on n'accouche pas mais où l'on voit accoucher, ses mots me sont venus qui ont rempli mon âme incessamment. Ils ont nourri ma force. J'ai ainsi accouché en confiance et en amour ... malgré tout... (Encore un autre truc que j'avais dit en séance de groupe avec Marta : que si jamais les choses ne se passaient pas comme je les souhaitais, il me semblait que je pouvais tout surmonter si je pouvais SENTIR autour de moi la force et la présence de l'Amour qui (précisément) soutient tout (Deo et maritus ;-)). Je l'aimais plus pleinement aussi parce que j'étais plus pleinement femme désormais. C'était pleinement grâce à lui.

* * *

Continuum et couple, donc. Cet article est déjà bien long... Petite conclusion.

Ce que je voulais dire, en témoignant de mon accouchement, c'est que l'homme d'aujourd'hui peut prendre une belle place en accompagnant sa femme dans la naissance de son enfant. Cela n'est pas obligatoire, nous avons tous nos histoires et c'est à chacun de sentir.

Cela permet simplement d'illustrer un peu que le "continuum" n'est pas seulement mère-enfant... que le père peut y surgir, tout naturellement. Est-ce alors seulement en tant que "soutien" de la mère ? Qu'est-ce que c'est que cet accompagnement ? Je puisais de sa présence agissante et de ses mots toute ma force pour vivre mon accouchement...

Et pour aujourd'hui ? Dans la vie de tous les jours, le père est-il seulement "celui qui aide", les bras tant attendus chaque jour pour prendre un peu le relais et s'occuper de bébé ? (Lui qui rentre, éreinté, d'une journée de travail !) Est-il uniquement ce roc sur lequel s'appuyer ? Et quand on n'est pas d'accord ou qu'on ne ressent pas la même conduite à tenir, dans l'éducation ? Comment vivre le "continuum", ce lien avec l'enfant, tout en étant deux ?

Le couple en tant que tel : n'avons-nous pas un réel besoin de se retrouver à deux - rien qu'à deux ? N'est-ce pas nécessaire alors, de confier nos enfants à une tierce âme pour un temps ?

Suite au prochain épisode...

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